17.06.2015 : tu seras horloger mon fils !

Publié le par 1972

Pendant longtemps, les trois premiers mois de mes jumeaux, je mettais un minuteur sur mon téléphone qui comptait le temps qui me séparait de l'arrivée de quelqu'un (qui que ce soit) qui allait m'aider. 4h c'était l'enfer, 3h, le purgatoire, 2h étaient acceptables et une heure le paradis.

Je regardais le compte à rebours régulièrement et chaque minute passée était une victoire. Au file des semaines, le geste qui consistait à mettre le minuteur me faisait du bien, mais je ne regardais que très rarement les minutes encore à attendre.

Il y a deux jours, j'étais seule et c'était prévu pour durer six heures. Avant que ma "solitude" avec mes deux petits ne démarre, je suis forte, je me dis que ça va aller, qu'ils ne pleureront pas en même temps et que même si c'est le cas, je saurai gérer ! Mais au moment où les pleurs commencent je redeviens faible et fébrile et du coup beaucoup moins sûre de moi. Ce jour là je me suis rendue compte que je devenais esclave de ces minutes qui passent parfois lentement, parfois trop vite. Et que je ne voulais de ça ni pour eux, ni pour moi. J'ai donc pris la très sage décision de ne plus mettre de minuteur, de ne plus compter ce temps seule avec eux, car c'est un temps riche,

Mon beau père m'avait dit il y a quelques semaines, alors que j'étais épuisée, qu'il fallait que je vois les choses différemment "la nuit quand tu te lèves pour donner le biberon ou changer une couche, c'est un moment qui n'appartient qu'à toi et à l'enfant que tu tiens dans tes bras, un moment unique que tu ne reviveras plus" et il avait tellement raison. Les nuits avec mes petits étaient en fait magiques, même si je les vivais parfois comme un enfer, j'avais une relation tellement particulière avec chacun d'eux : Mario avait besoin d'être très collé à moi, il restait de longues minutes couché sur moi après le biberon pour s'endormir, je le caressais, lui disais des mots d'amour, c'était charnel, Joséphine gloutonnait son biberon en me regardant avec ses grandes billes noires, j'avais parfois peur quand elle se réveillait la nuit, j'appréhendais le moment de la recoucher et ses cris et son envie bien affirmée de ne pas retourner dans son lit. Finalement tous ces geste et ses mots d’apaisement l'on construite, la nuit quand très rarement elle se réveille et que je vais la voir dans leur chambre, c'est son sourire que je vois et c'est ma plus belle récompense pour ces nuits en larmes la serrant fort contre moi pour qu'elle s'endorme enfin paisible.

Tu seras horloger mon fils et je te souhaite d'aimer le temps qui passe et de ne pas en avoir peur comme il m'arrive parfois de le ressentir.

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